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Olivier Cresp
Si certains ont fait du parfum leur vie, c'est peut être pour Olivier Cresp l'inverse qu'il convient de dire. Car c'est dans le parfum qu'il a grandi. Des souvenirs vivaces qui l'ont guidé vers la brillante carrière de maître parfumeur qu'il mène pour Firmenich. Ses parfums suggèrent sa personnalité: authentique, simple, traduite avec la maîtrise de son expérience, pour faire de ses créations des instants qu'il espère, mémorables.
Quelle est votre devise?
Passion et patience. La chose la plus importante à mes yeux pour faire ce métier est de garder ce désir, cette curiosité et une ouverture d’esprit sans limites.
Le parfum est chez vous une histoire de famille, quelle place avait-il dans votre enfance?
Je suis né d’une famille grassoise, où moi et mes frères et sœurs avons été bercé par la culture d’ingrédients mythiques. Ce qui a fortement contribué à nous transmettre la passion du métier et à devenir parfumeur. Un travail de transmission qui se perpétue aujourd’hui avec mon fils, jeune parfumeur. Mes souvenirs olfactifs sont encore intacts ! Des souvenirs de repas de famille où l’on parlait sans cesse de parfum. Des champs de fleurs autour de Grasse. Des odeurs merveilleuses de lavande, rose de mai, violette, mimosa. Et aussi suivre l’extraction de la matière, des fûts d’essences et d’absolues, les sacs de fleurs dispersées au sol, le distillateur, … Je pense aussi au jardin de mes parents, aux impressionnants jasmins grandiflorum qui diffusaient leur odeur captivante entre Juillet et Décembre. C’est ce qui m’a fait aimer terriblement cette fleur. J’ai grandi dans cet environnement. Si j’étais né ailleurs, je ne serais pas devenu qui je suis aujourd’hui.
Qui a été votre modèle? Votre idole comme parfumeur et pourquoi?
Mon père a une place toute particulière, pour son travail de la matière première qu’il m’a transmis. Il était courtier en matières premières et avait l’habitude chaque soir de déposer ses échantillons sur le buffet provençal de la maison. Je m’amusais à sentir les mouillettes de violette, iris, œillet, à les deviner et à me les approprier avec gourmandise ! Elles ont été ma nourriture spirituelle ! J’ai également fait de très belles rencontres tout au long de ma carrière. Je ne saurais nommer une seule personne tant elles ont toutes été importantes.
Quel souvenir olfactif a marqué votre vie? Et votre carrière?
Sans aucun doute l’odeur des agrumes. Mon père et mon grand-père travaillait dans la production de matières premières, plus particulièrement des agrumes. Mon père se rendait régulièrement en Calabre et en Sicile pour acheter des qualités de mandarines, oranges, citrons, bergamotes. Mon grand-père avait l’habitude d’aérer ses cuves de bergamote dans son sous-sol, on reconnaissait l’odeur dans toute la maison. Ce sont des ingrédients authentiques et pures à mes yeux, qui font partie intégrante de mon enfance.
Vous signez Juniper Sling pour Penhaligon's, un hommage au London Dry Gin, comment avez vous imaginé ce clin d'oeil?
Pour la création de Juniper Sling, l’idée d’explorer l’univers olfactif des cocktails était follement inspirante! Une occasion rêvée de m’exprimer grâce à des matières premières naturelles d’exception, choisies sans interdits, et avec une bonne dose d’originalité… La fragrance sonne comme un appel à la frivolité et à l’ivresse en s’inspirant du plus célèbre des alcools anglais, le London Dry Gin, et en rendant un vibrant hommage aux années folles ! A cette époque, le gin est le nouvel or blanc, roi des cocktails party londoniennes. Ce gin particulier, je l’ai humé et dégusté au début du projet avec Penhaligon’s, pour reconstituer le plus fidèlement possible tout son caractère. Avec pour point de départ l’essence naturelle de genièvre au parfum à la fois doux, amer et résineux, j’ai reconstitué l’odeur du gin pour faire naître une irrépressible addiction. J’ai joué autour avec des notes aromatiques (angélique), épicées (cannelle, poivre noir, cardamome), boisées (iris, cuir, vétiver), gourmandes (brandy, sucre roux, cerise noire)des tonalités à la fois fraîches et chaudes pour créer un sillage intense et mémorable. Pour cette occasion, j’avais également rencontré Thierry Hernandez, créateur de cocktails audacieux et directeur du somptueux bar du Plaza Athénée à Paris. Inspiré par la formule, le mixologiste de renom s’est prêté au jeu de la création d’un cocktail inédit pour le lancement de la fragrance. Cheers !
Quelle est votre signature comme parfumeur?
Je qualifie volontiers ma parfumerie de figurative. Pour moi, l’important avant tout, c’est l’idée originale ; après vient le style, le mien étant plutôt simple, minimaliste, authentique, puis vient la technique pour faire avancer le parfum, lui apporter du sillage et de la mémorabilité.