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Nicolas Bonneville
Nicolas a démarré le métier de parfumeur à l'âge de 14 ans. Ce fut au cours d'un voyage à Grasse qu'il a rencontré son premier mentor, Jacques Maurel. Il a ensuite rejoint Takasago et a travaillé avec deux maîtres parfumeurs, Françoise Caron et Francis Kurkdjian. À l'âge de 27 ans, il rejoint Fragrance Resources.
Quelle est votre devise ?
J’aime beaucoup une phrase issue du livre « Que Sais-je/ Le Parfum » d’Edmond Roudnitska : « Nous ne manquons pas de matériaux mais d’imagination ».
Quel est votre plus vieux souvenir olfactif?
Mes parents avaient un restaurant et nous habitions à l’étage. Tous les soirs j’étais couché avant le début du service, mais à chaque fois qu’un habitué venait diner on me retrouvait en plein milieu de la salle. Son parfum venait chatouiller mes narines, je m’échappais de ma chambre alors que je savais à peine marcher, et à la grande surprise de tout le monde, mon nez me guidait jusqu’à sa table... Il portait Kouros d’Yves Saint Laurent.
Quel a été l’élément déclencheur qui vous a donné envie d’être parfumeur? Quel(s) ont été votre ou vos mentors?
J’ai la chance d’avoir fait de très belles rencontres, entre tradition et modernité. A 14 ans, en vacances à Grasse, celle du parfumeur Jacques Maurel (un ancien de chez Delaire). Quand il m’a dit qu’il pouvait reproduire un parfum « au nez », j’ai cru rencontrer Superman ! J’ai étudié a ses cotés pendant cinq ans en suivant la méthode de Jean Carles qu’il avait lui-même expérimenté lors de son apprentissage avec son grand père. Il m'a tout donné, sans concession, mais surtout l’essentiel : la passion. Puis à 19 ans j’ai rencontré Francis Kurkdjian et je suis devenu son élève. Une vraie continuité dans mon parcours: travail au nez, formulation courte et beaucoup de rigueur. J’ai aussi travaillé avec Françoise Caron notamment pour Astier de Villate.
Quelles sont vos matières premières préférées et pourquoi?
Elles sont trop nombreuses ! Cedre, Iris, Osmanthus, Ambroxan, Vetiver, Ambrette….Tout ce qui apporte des effets de matière, de la texture et qui permet de structurer un jus. Mes mentors m'ont également converti à un certain gout pour les fleurs blanches, exploiter la facette fruitée d’un Sambac n’est jamais désagréable!
Pouvez vous nous décrire en 2 phrases 3 parfums réalisés chez Nose (Attache moi, Lithium, Astier de Villate)?
Attache moi / It was a time that was a time: Ce parfum est en fait le fruit d'une collaboration artistique avec l'artiste anglais Shezad Dawood. La demande était de créer le paysage olfactif d'un film tourner avec des rescapés de la tempête Sandy.
L’œuvre est une réflexion sur la reconstruction d'une civilisation après une catastrophe, une apocalypse..Réinventer des codes sociaux, vestimentaires, sexuels... Je l'ai abordé comme le parfum d'une tribu, Tribal type Mad Max ou Water world. L'idée de quelque chose de primaire, d'animal fut immédiate et le fait que certaines parties du film soient en bord de plage m'a orienté vers une note d'Ambre gris. Cette note est accompagnée de cuir, d'encens, d'un accord peau salée avec une pointe d'Immortelle pour renforcer le coté sable chaud mais aussi en clin d'oeil aux rescapés.
Plusieurs créations pour Astier de Villate, tous en collaboration avec Francoise Caron.
Sinon, également Nu Be - Lithium: Une interpretation d'un metal traduit par le cèdre et l'iris, utilisant une densité presque minérale. Le lithium s'oxyde très facilement donc j'ai voulu créer un contraste avec cette partie sèche et boisée avec des epices chaudes, le Cumin et le Safran pour rendre le tout à la fois fusant et vibrant.
Malgré votre jeune âge, comment décririez vous votre signature dans la création de vos fragrances?
Je ne sais pas si j'ai une signature, en tout cas je n'espère pas. Cela voudrait dire avoir des automatismes de formulation. Au contraire, je me questionne le plus possible sur la façon d'écrire les choses, sur de nouvelles interprétations ou évolutions de schémas classiques. Notre métier c'est d'explorer ! Un parfum n'est jamais le fruit du hasard, il se pense et se visualise en amont méthodiquement. Pour ma part, l’inspiration vient souvent des Naturels et mon apprentissage Grassois n’y est surement pas étranger. Stimuler sa mémoire olfactive, se confronter à la matière brute, mieux la connaitre pour mieux l’exploiter… Dès que possible je vais assister à des récoltes, en Inde, en Italie ou ailleurs… Cette soif d’apprendre est primordiale !