Marie Salamagne est née en 1977 à Paris. Elle a tenté l'école de médecine avant de décider qu'elle voulait travailler dans le monde de la parfumerie. Elle est diplômée de l'école de parfumerie ISIPCA et travaille chez Firmenich depuis 2001.

Quelle est votre devise? 

Je dis souvent, « ce qui est fait n’est plus à faire ». Je suis dans l’immédiateté !  

Votre plus vieux souvenir olfactif? 

Il y en a plusieurs. Mes parents étant anesthésistes, j’ai gardé le souvenir vif de l’odeur des produits éthérés mélangée à leurs parfums que je sentais quand ils venaient m’embrasser. Celui aussi de l’odeur du lait de petite enfance qui, du fait de mon allergie au lactose, était une reconstitution très travaillée, vanillée sucrée à odeur de céréales. L’odeur de la gouache est aussi l’un de mes plus anciens souvenirs olfactif. Ma grand mère peignait.

Vous avez étudié en médecine? Pourquoi avoir voulu être parfumeur? Vos études vous ont aidée dans ce métier? Comment? 

Effectivement j’ai commencé par la médecine, mais j’ai toujours été une grande amoureuse des odeurs. J’étais captivée. C’est au moment où j’ai raté le concours de médecine, vers 19/20 ans que j’ai bifurqué vers la chimie et découvert l’existence de l’ISIPCA. Tous les éléments pour que je devienne parfumeur étaient là, mais pas dans le bon sens. L’école de parfumerie a catalysé tous ces facteurs, le mélange de mon amour des odeurs et de mon côté plus scientifique. Le fait de faire médecine m’a beaucoup apporté à cause de la pugnacité, de l’obstination nécessaire pour « survivre » à la première année de médecine. C’est une ambiance très dure qui forge le caractère, on échoue souvent, il ne faut pas se décourager, mais au contraire remonter en selle. Un très bon training pour devenir parfumeur !

Quelles sont vos matières de prédilection et pourquoi? 

Beaucoup de bois, de notes baumées, de l'Ambrox, de l’iris. Elles évoquent des matières, des textures à fort caractère. J’ai aussi un faible pour le patchouli. J’aime ces matières premières parce qu’elles ont tellement de facettes qu’elles sont un parfum en soi. Elles ne sont pas faciles à utiliser, c’est ce qui les rend si intéressantes. 

Avez-vous une signature dans vos fragrances?  

Je ne suis pas capable de la décrire, mais à plusieurs reprises on m’a dit que mes créations sont salées, minérales. Ce n’est pas étrange pour moi d’entendre cela, je m’y retrouve très bien.

Quelle a été la spécificité propre à la maison Maison Margiela dans l’élaboration de Beach Walk et Flower market, deux fragrances composées pour la marque? 

Le travail a consisté à capturer un instant de vie, l’odeur qui renvoie à un souvenir. Retrouver le sens premier sans s’encombrer de considérations trop abstraites. Il fallait que dans chaque fragrance, chacun puisse trouver sa petite madeleine de Proust.