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Françoise Caron
Née à Grasse, Mme Caron a étudié à l’école de parfumeurs de Roure. Elle est venue à Paris en 1975 pour travailler pour la société Roure qui par la suite deviendra Givaudan. En 1994, elle rejoint Quest et y entraîne Calice Becker. Quest est racheté ensuite par Givaudan et elle rejoint Takasago avec Francis Kurkdjian où elle y a été très heureuse.
Quelle est votre devise?
L’art commence avec la difficulté (André Gide)
Quel est votre plus beau souvenir olfactif?
L’odeur de colognes dont mon père s’aspergait le matin. Des grandes bouteilles aux formulations assez simples. Un concentré d’agrumes.
Qu’est ce qui vous a amené dans le parfum?
Seulement pour faire plaisir à mon père. Mon père est méditerranéen et était courtier en matière premières naturelles du monde entier. Il nous rapportait en venant déjeuner des matières premières et nous demandait notre avis. Quand nous étions jeunes, nous allions au mois de juillet dans la Drome et allions visiter les champs de lavandes. Des mers bleues de lavandes à perte de vue. J’y attache des souvenirs impérissables, c’est ma madeleine de Proust.
Qui a été votre mentor et/ou le parfumeur qui vous a le plus influencé (chez Roure, ailleurs, ou avant…)
J’ai suivi l’école de parfumeurs de Roure (méthode Jean Carles) et on était plusieurs élèves parfumeurs avec lesquels nous avions plus ou moins d’affinité. On s’est donné des idées, on se corrigeait entre nous, des influences. Des parfumeurs apprentis avec expérience égale. Je n’ai pas eu de maître.
Quelle est cette méthode Jean Carles?
La méthode Jean Carles consiste premièrement à apprendre à sentir par familles olfactives: florales, hespéridées, etc. On fait un tableau d’évaporation de toutes les matières premières pour comprendre et mémoriser l’evanescence des notes. Ensuite, on apprend par comparaison. Lorsqu’on maîtrise tout cela, on apprend dans une approche horizontale par accords (plus de 400/500). Equilibrer un accord est ensuite toute la complexité. A la fin, la formule à l’écrit dans l’approche Jean Carle nous permet facilement de s’imaginer le résultat. On ne fait que vérifier avec la pesée.
Le parfum est une histoire de famille (votre frère est le maitre parfumeur Olivier Cresp). Y a t il des référant et/ou points communs?
Je suis impatiente et je vais très vite, je suis très intuitive. Mon frère est très patient et méthodique. Je n’ai jamais travaillé avec lui car on travaillait dans des boîtes concurrentes. Les gens dans la parfumerie sont très méfiants. J’ai vu les formules chez Quest après son passage et j’ai réalisé le gros travail qu’il avait fait. Notre point commun est limité au fait que nous sommes enfants de même parents et que nous partageons un groupe sanguin assez rare.
Comment décririez-vous votre signature olfactive? Votre approche (vos secrets jamais encore dévoilés!) à l’élaboration de colognes, de parfums, de bougies?
Pas de signature. On doit s’adapter à tout ce qu’on nous demande. Moi, je préfère les colognes et les floraux. Il faut tout savoir faire comme un peintre; il met ensuite sa patte. Moi j’ai souvent des formules rapides et courtes. Pour les colognes, j’aime le côté fugace. Aujourd’hui, les colognes doivent rester. On leur rajoute un fond chypré. C’est le cas notamment de la cologne Chic d’Astier de Villatte.
Etant le parfumeur d’Astier de Villate, pourquoi avoir décidé de bosser avec eux?
C’est une rencontre. Nous avons eu un rendez vous chez Mariage Frères. Il y avait 20 produits à faire en 3 mois. Un truc affolant. Je leur ai dit qu’on y arriverait jamais. Ils sont arrivés avec un brief très précis de ce qu’ils souhaitaient: une ville, un élément d’un lieux rapporté. Exemple: une tresse de foin ou d’herbe séchée (bougie de Québec). Leur culture, exigence, créativité et limpidité ont fait en sorte que nous y sommes arrivés. En plus, avec le sourire!
Vous avez également fait plusieurs parfums de niche tels Iris Nobile d’Acqua di Parma et Carbon de Nu_be. Que vous inspire la niche?
Une totale liberté et une osmose avec le créateur de la marque. Voire une communion. Un vrai partenariat: 50% et 50%. Et ce, dans le plus grand respect de l’un et l’autre.