Quelle est votre devise ?

La simplicité est la sophistication suprême. (Léonard de Vinci)

Votre première rencontre avec un parfum ?

Le musc de Kiehl’s. J’avais 6 ans, mon père avait rapporté une petite fiole de NY. J’ai passé mon enfance à voler quelques gouttes de cette huile parfumée que je trouvais envoûtante ! 

Quelles sont les bases selon vous pour créer un parfum d'exception ? 

Un parfum d’exception ne dépend pas seulement de règles techniques et esthétiques. C’est avant tout une idée très forte qui répond à une envie collective inconsciente.

Quelles sont vos matières premières préférées ? Pourquoi ?

J’aime le bois, tous les bois. Le bois sec, noir, vert, doux ou brûlé. Il y a quelque chose de fondamental dans l’odeur du bois : je ne peux pas construire un parfum sans penser à un bois spécifique, le bois raffine tout, il apporte une structure, un mystère aussi.

Quelle est votre meilleure création olfactive selon vous ?

Celle à venir ! Je n’ai pas de regard sur ce que j’ai déjà fait car la seule manière de faire un métier de création est de s’intéresser à demain. La récompense est parfois de savoir que certains parfums ont supporté l’épreuve du temps, peut-être parce-qu’ ils ne suivaient aucune mode.

Qu’est ce qui rend les parfums Splash forte, Eau Sento et Eau blanche si uniques, au point de les reconnaitre dans la rue ?  

Je ne sais pas… Leur simplicité peut-être. C’est vrai que je recherche avant tout une forme simple, pas une forme simpliste mais une forme complexe qui a l’apparence de la simplicité. Je suis attirée par les odeurs fondamentales, celles de la mémoire très ancienne dont les thèmes nous retiennent : l’arbre, l’eau, le feu… 

Si vous deviez choisir un parfum IUNX pour vous, lequel choisiriez-vous ? 

Je choisirais l’Eau blanche car c’est une eau de tous les jours, peu importe la saison. Je l’aime comme un vêtement basique et essentiel. Elle a la simplicité d’une chemise blanche en coton, on ne se pose pas de question, elle se porte avec tout.

Vos créations sont souvent légères, aériennes (ex. En passant, Splash Forte, etc.). Est-ce que cela constitue votre signature ? 

Non, car cela n’est pas le cas de tous les parfums que je crée, c’est le thème lui-même qui dicte le volume et la puissance. On a tendance à vouloir à tout prix monter le son mais ça n’est pas le bruit qui fait la musique, c’est la mélodie. Aujourd’hui, on ne recherche que la force, peu importe les paroles, et les parfumeurs jouent avec les mêmes molécules ultra diffusantes et tout finit par sentir la même chose. 

Certains parfums doivent jouer fort pour s’exprimer, d’autres au contraire, agissent comme un voile, comme une seconde peau. Le lilas blanc qui est le thème central du parfum « En Passant » deviendrait assommant à une concentration plus élevée et perdrait tout son naturel et sa poésie. La plupart des eaux de IUNX ont été imaginées et construites comme des « colognes » contemporaines, des eaux à basse concentration avec lesquelles on s’arrose. L’Ether est une autre histoire, sa concentration élevée correspond à l’idée de cet encens à la fois dense, chaud et aérien. 

Vos parfums sont souvent inspirés de paysages naturels (figuiers, bois mouillé, linge blanc qui sèche)... Quel sont les paysages les plus évocateurs pour vous chez IUNX ? 

Ce ne sont pas particulièrement des paysages naturels mais plutôt des instants, des sensations, comme un arrêt sur image. J’aime l’idée d’essayer de retenir une impression fugitive qui s’enfuit. Le réel se mêle au souvenir. Je ne recherche pas l’exactitude d’une odeur mais plutôt la perception que nous en avons, ce qui m’intéresse c’est la sensation que procure une odeur. L’Eau Sento n’est pas un bain japonais mais exprime l’odeur de la peau imprégnée de cette vapeur de bois qui vous enveloppe et vous apaise. Ma recherche sur le figuier n’était pas de reproduire son odeur dans ses moindres détails (un parfum n’est pas un citron pressé)! Je recherchais plutôt la sensation d’un été très chaud, d’une feuille de figuier que l’on froisse entre ses mains…

Vous aimez les parfums qui racontent des histoires. Quelle est votre histoire olfactive préférée chez IUNX ? 

Je ne sais pas faire un parfum sans une dimension affective très personnelle, je m’inspire tout simplement de ce qui me touche : tous les thèmes de IUNX sont des histoires intimes. La dernière eau, le Talc, me ramène au Japon. Elle s’inspire d’une danse où les corps couverts de poudre blanche se frôlent dans une lenteur extrême. On y retrouve cette sensation de légèreté, de douceur, de calme étrange qui vous enveloppe…