Quel est votre souvenir olfactif le plus ancien ?

Le plus fort que j’ai est celui de l’herbe fraîchement coupée, quand j’avais 9-10 ans. Quand je partais en vacances dans la campagne suédoise dans ma famille, la tâche qui m’était attribuée était de tondre l’herbe. Je me souviens non seulement de l’odeur, mais aussi de la teinte verte. Cela me rappelle l’odeur du galbanum.

Comment avez-vous rencontré le parfumeur Jérôme Epinette ? Pourquoi avez-vous fini par travailler ensemble ?

Quand je vivais à NY, je voulais trouver une odeur spécifique pour les sacs en cuir que je confectionnais. Je suis ensuite entré en contact avec Jérôme Epinette grâce à des amis, et nous sommes devenus très bons amis. Je le rencontrais 2 à 3 fois par semaine, nous avions une collaboration très étroite.Pour moi, c’est important de suivre toutes les étapes du process de création d’un parfum et de créer une symbiose. Je travaille aujourd’hui à Paris avec Marc-Antoine Corticchiato, qui vient juste de créer Body Paint et Chicago High.

Comment décririez-vous le process de création qui se cache derrière votre collection de parfums ?

Quand je créée un parfum, je m’imagine à la place de Miles Davis dans un hôtel de Chelsea à NY, , cherchant un nouvel air. Il a un jour invité un danseur de tango d’Argentine et un danseur de flamenco. Ils commencent à danser, dans leur style vraiment opposés. Il les écoute et essaye de puiser son inspiration de cette dissonance. De la même manière, quand je cherche un accord disruptif, j sens des combinations vraiment différentes olfactivement.

Comment les villes de Stockholm et de New York ont-elles influencé votre marque ?

C’est le contraste de ces deux villes qui a fortement influencé ma marque, et cela remonte à mes origines ! Ma mère est une ancienne hippy pétillante de NY, où tout est dans l’excès. Mon père, à l’inverse, vient d’une petite ville, Borås, en Suède, entourée de nature et d’air frais, il a toujours eu une vie tranquille. Ils sont très différents et toujours ensemble, exactement comme les éléments contrastants qui composent ma marque.

Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez choisi la couleur jaune safran pour représenter votre marque ?

Le jaune a un côté joyeux et positif, c’est la couleur du soleil. Je l’ai choisie pour ajouter une touche amusante à la marque haut de gamme que je construisais. Cela créée un joli contraste, une friction. La teinte jaune safran vient d’un bijou en bakélite que j’ai un jour trouvé dans une bijouterie à Paris : elle était destinée à être la couleur des capots, mais elle est ensuite devenue la couleur de la marque.

Vous avez décidé de travailler avec Pierre Dinand, le légendaire designer de votre flacon. Comment l’avez-vous rencontré et comment était votre collaboration ?

Sa réputation m’a menée à entrer en contact avec lui. C’est un designer légendaire. J’aime sa manière traditionnelle de travailler : il dessiner d’abord, et ensuite son petit-fils Jules traduit tout sur support digital. C’est lui qui a ajouté ce style retro aux flacons.

Qu’est-ce qui vous a amené à choisir cette forme de flacon pour vos parfums ?

Quand j’ai briefé Pierre DInand, je voulais proposer quelque chose de différent tout en m’inspirant du passé. Le flacon a une structure passe semblable à celle d’un palet de hockey, et un look retro apporté par les spirales. L’inspiration des boites vient des hiéroglyphes : le motif, formé par le nom du parfum reproduit en série, ressemble à un dessin ancien. Cela créée un attrait subconscient, que tout le monde interprète différemment en fonction de sa propre sensibilité. Aussi, le son produit à l’ouverture du capot fait penser à celui d’une portière de voiture haut de gamme qui claque.

Pouvez-vous expliquer le lien entre le nom du parfum Morning Chess et son jus ?

Quand j’étais enfant, en Suède sur la côte sud, j’avais pour habitude de m’asseoir à côté de mon père et de mon grand-père quand ils jouaient aux échecs le matin. Je me souviens de la sensation de fraîcheur de l’herbe, de l’air sec et sain de l’air près de la côte. Ce souvenir est reproduit par les notes d’agrumes. Le parfum représente les trois générations de ma famille.

Pouvez-vous nous parler de Black Citrus?

Quand j’étais à Londres, j’ai un jour regardé un documentaire sur Nureyev, l’un des plus grands danseurs de ballet russe. Je voulais dépeindre son incroyable histoire. Il s’est échappé d’un village isolé en Russie, pour rejoindre Paris. Le contraste de ce parfum, fait de notes hespéridées et d’une base de vetiver, reproduit le contraste de sa vie, entre clarté et obscurité.

Quels sont les derniers projets sur lesquels vous avez travaillé et quels sont ceux à venir ?

La dernière nouveauté était le repack des parfums. Nous avons gardé la même esthétique mais nous avons tout amélioré : le verre, entièrement produit en France, est encore plus clair, et l’étiquette est embossée. Nous lançons aussi le format voyage 20ml en septembre. Enfin, l’année prochaine sortira notre ligne de soin pour le corps de nos bestsellers !