Née à Heidelberg en Allemagne, Daniela Andrier a commencé ses études en philosophie à la Sorbonne de Paris avant de décider d'entreprendre une carrière dans la parfumerie. En 1988, elle a commencé en tant que stagiaire chez Chanel et l'année suivante, elle est partie pour l'école de Parfumerie Roure (maintenant Givaudan). Aujourd'hui, elle travaille toujours chez Givaudan et est mariée à Gilles Andrier, CEO de Givaudan. Ses créations sont poétiques, vives et surtout, raffinées. Ses parfums reflètent son désir de partager sa vision de la beauté avec les autres. 

Quelle est votre devise?

« Loin de tout cliché »

Quel est votre plus beau souvenir olfactif? 

Mon plus beau souvenir olfactif c'est l'écran que mon père déroulait, d'une sorte de valise toute en longueur, nous visionnions des films super 8 et l'écran sentait l'essence de bois de Cèdre de l’Atlas. 

Qui a été votre mentor et/ou le parfumeur qui vous a le plus influencé? 

Le premier a été Jacques Polge, j'ai eu la chance de faire mon premier stage chez Chanel. Le second a été Edouard Fléchier que j'ai eu la chance d'assister après avoir suivi l'école de Roure à Grasse.

Des matières de prédilection?

J'aime toutes les matières naturelles sans exceptions, toutes ont quelque chose de merveilleux, mais cela obéît à des cycles. Je peux beaucoup travailler avec une matière, puis l'oublier pour la retrouver plus tard. C'est un jeu constant, nous changeons nous même au fil du temps et nous ne percevons pas les choses de la même manière, et j'aime cette variation dans la perception des matières premières, car du coup elles ne m'ennuient jamais.

Vous avez une signature olfactive?

Oui je pense avoir une signature, elle tient à la constance de ce que j'aime faire, et donc de ce que j'aime dans les parfums et de ce que je fuis. J’aime tisser la mémoire au travers d’un parfum: le passé, le présent et le futur. J'aime quand le parfum provoque une sorte de déjà-vu olfactif, loin de ce que provoque en nous les milliers de parfums qui se ressemblent tous. Le déjà-vu de nos propres émotions olfactives. 

Quelle a été le brief initial de Martin Margiela pour la création d’Untitled? Qu’est-ce que cela lui évoquait?

«  Un flash vert » qui vous submerge de notes vertes. J’étais à ce moment en congé de maternité et Martin Margiela avait déjà rencontré plusieurs parfumeurs pendant plus d’un an. C'est le premier parfum que j'ai crée au retour de ce congé. J'ai éprouvé une joie particulière en écrivant sa première version et je savais que ce serait le bon. Cela a été un coup de foudre pour Martin Margiela et un grand bonheur pour moi!

S’il y avait une suite après le Untitled ou un nouveau brief de parfum par Martin Margiela, quel serait il?

ll faudrait avoir son génie pour l'imaginer...